Wednesday 13 January 2010

Quatuor Diotima's Onslow disc chosen as 'Disc of the Month' in Diapason!

Quatuors fantastiques

George Onslow fut, comme son cadet Berlioz, frappé par la révélation du Beethoven tardif.
C'est ce romantisme français naissant que les Diotima, chevaliers de la modernité nous révèlent, exaltant.



LE DISQUE DU MOIS

GEORGE ONSLOW
Quatuors op. 54, 55 et 56
Quatuor Diotima
Naïve

Technique: 8.5/10

C'est une belle surprise que nous réservent les Diotima, hier grands prêtres célébrant les mysteres de Nono et Lachenmann (Assai, leur premier disque, salué d'un Diapason découverte), partisans d'un Janacek virtuose aux lignes affûtées (Alpha, Diapason d'or), tout récemment serviteurs zélés des fantasmagories mathématiques de Posadas (Kairos, Diapason d'or le mois dernier): les voici romantiques. Mais toujours à l'écart des chemins rebattus, avec cette figure essentielle d'Onslow, qui sort peu à peu du purgatoire oú il était tenu depuis sa mort.

Sa production de trios, quatuors et quintettes offre l'ensemble á la fois le plus abondant et le plus novateur de musique de chambre française dans la première moitié du XIXe siècle. Les Diotima se sont emparés des Opus 54 à 56, où se reflète la découverte par Onslow du dernier Beethoven, en 1828: le Français revient au quatuor avec une ambition et un appétit renouveles, piqué dans son orgueil par l'example (selon son mot) des Opus 131 et 135 de son aîné. Il densifie son style, trouve une expressivité nouvelle, entre de plain-pied dans le romantisme sans chercher toutefois à rompre ses attaches avec les formes classiques. Ces trois partitions méconnues brillent au sommet de la musique de chambre français, en un temps où Berlioz travaille à ses Scènes de Faust.

On sait gré aux Diotima de nous révéler la portée d'une musique parfois tenue pour un ersatz du postclassicisme viennois (ce qu'elle n'est vraiment pas). Leur approche rigoureuse, leur éloquence fluide sont doublées d'un sens de la dramaturgie ici précieux: l'Adagio cantabile de l'Opus 55 est à cet égard exemplaire, tout de tendresse, cordes à fleur d'archet, qui s'intensifient jusqu'au chant fervent soutenu d'intenses trémolos. Irrésistible, aussi, le finale de l'Opus 56, inlassable cavalcade où les quatre musiciens concentrent leur énergie avec une parfaite précision. La réussite instrumentale est totale: contrastes vifs, riche palette, dialogue transparent.

Les Opus 54 et 55 sont inédits au disque; l'ancienne gravure de l'Opus 56 par le Quatuor Coull avaue, au jeu des comparaisons, sa grandeur un peu feinte, en quête d'un sublime convenu. Sous les archets des Diotima, le lyrisme d'Onslow rappelle Schubert, son élan rythmique, Schumann. Et le discours sonne bien français par sa mesure et son harmonie claire. Trois visages d'une musique décidément singulière et puissante, réconciliés par le talent d'un jeune ensemble qu'il faudra désormais suivre dans tous les répertoires.

Nicolas Southon

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